Un article très intéressant, que je souhaite vous faire partager, trouvé sur le net.
Et si la vie de nos ancêtres avait une influence sur nous ? La psychogénéalogie s’intéresse à la transmission de problèmes et de secrets, conscients et inconscients. Elle aide à comprendre d’où l’on vient, pour mieux se construire.
Chacun de nous descend d’une longue lignée, faite de générations qu’il ne connaît que partiellement. Notre vie est ancrée sur notre histoire familiale. Beaucoup de familles sont prisonnières, à leur insu, de traumatismes ou de deuils non résolus, tenus secrets mais confusément ressentis ou exprimés en maux, à travers une dépression par exemple. Ce legs familial est comme une forêt touffue, qu’il est souvent bien utile de débroussailler si l’on aspire à se sentir plus léger et à découvrir ce que l’on cherche et qui l’on est.
La psychogénéalogie est un outil puissant au service de cette quête : c’est un processus qui s’intéresse aux transmissions des problèmes à l’intérieur d’une même famille au fil des générations. Connaître et accepter son histoire familiale, et clore les tâches inachevées du passé, permet de travailler son identité et de savoir ce que l’on désire réellement, sans être inconsciemment lié par les répétitions familiales, par fidélité inconsciente. Comme cette femme de 39 ans, toujours triste, alors qu’elle a une vie agréable, avec des enfants et un mari qu’elle aime, et une profession qu’elle apprécie. Au cours d’un travail de psychogénéalogie, elle découvre qu’elle porte inconsciemment, la tristesse de sa mère, dont le père s’est suicidé quand elle avait 5 ans. Ainsi, dans un travail symbolique, elle a pu rendre à sa mère cette souffrance qui ne lui appartenait pas. Et sortir de ce deuil qui n’était pas le sien. Pour la première fois de sa vie, elle s’est acheté des vêtements de couleur, alors qu’auparavant, elle était toujours habillée en noir.
L’arbre à liens
L’outil utilisé pour le travail de psychogénéalogie est un arbre généalogique réalisé sur 4 à 5 générations. La personne y note tous les évènements importants de sa famille : naissances, mariages, morts, fausses couches, avortements, études, professions, maladies, accidents, déracinements, immigration, échecs, réussites exceptionnelles… Elle y ajoute les liens positifs ou conflictuels et tous les évènements marquants de sa vie. Cet « arbre », nommé génosociogramme, permet d’étudier les traces laissées en nous par nos parents et nos ancêtres. Il permet de mieux comprendre notre script de vie, nos choix professionnels à la lumière de notre héritage familial inconscient trangénérationnel. C’est un outil très puissant, qui permet de percevoir les liens complexes qui se sont tissés entre les membres d’une famille. En l’observant, on peut voir en un coup d’œil l’histoire de sa famille. Cette vision a un impact très fort.
Cadavre sous le tapis
Selon Anne Ancelin Schützenberger (qui a créé la notion de psychogénéalogie) et Serge Tisseron (le spécialiste des secrets de famille), toute famille recèle au moins un cadavre sous le tapis. A un moment ou à un autre, un évènement inavouable ou traumatisant a eu lieu. On est, de ce fait, porteur des problèmes non résolus dans sa famille. En effet, ne pas révéler un secret de famille est souvent dévastateur, c’est parfois condamner plusieurs générations à répéter la faute de leur ancêtre. « Ce qui est tu à la première génération, la seconde le porte dans son corps » résumait Françoise Dolto. Pour la psychanalyste, ce qui est flou et confus est en effet synonyme d’angoisse : on ne peut pas se construire solidement sur du mal être. C’est pourquoi, il est important de dire la vérité à un enfant sur ses origines, afin d’assurer la solidité de sa construction. D’autant plus, la pratique de la psychanalyse le prouve, qu’il la connaît toujours inconsciemment. La lui dire, c’est donc lui donner le droit de savoir consciemment ce qu’il sait déjà inconsciemment, afin que ce qui n’est pas dit avec des mots ne soit pas exprimé en symptômes plus graves (maladie, dépression…) Si on ne peut pas changer son passé, on peut changer le rapport que l’on a avec lui et à ce qui nous habite. Mais le travail de psychogénéalogie n’est pas « magique » et doit parfois se poursuivre par une thérapie, en fonction de ce qui est mis à jour.
Trois clés pour comprendre la psychogénéalogie :
- 1. Les secrets de famille
Ils se résument principalement à des choses considérées comme honteuses à l’époque des faits. Ils comprennent tout ce qui ne correspond pas à l’image d’une société, à un moment donné : divorce, enfant naturel ou adopté, maladie, collaboration… Ou qui fait partie des interdits : vol, assassinat, inceste, viol ou agression sexuelle… Egalement le suicide, le séjour en hôpital psychiatrique, l’emprisonnement… Si aucune vérité n’est thérapeutique, les secrets sont, eux, souvent pathogènes. Selon de nombreux psychanalystes, un secret est « indicible » à la première génération, « innommable » à la deuxième génération et devient « impensable » à la troisième.
- 2. Le syndrome d’anniversaire
Dans le travail de psychogénéalogie, on note l’importance des dates d’anniversaire : le corps n’oublie jamais le choc des traumatismes subis, même aux générations précédentes. Seule la tête oublie tout ce qui gêne. Ainsi, le syndrome anniversaire désigne les dates de fragilité pendant lesquelles on ressent un mal-être, que l’on ne comprend pas si l’on ne fait pas le lien avec l’évènement. Exemple : une femme ne comprenait pas pourquoi depuis quelques jours, sans aucune raison, elle ne se sentait pas bien et s’habillait en noir, jusqu’à ce qu’on lui demande fortuitement la date de la mort de son mari. C’était le jour anniversaire du décès de son mari, survenu 11 ans auparavant, d’où son état intérieur.
- 3. Loyauté invisible
Le génosociogramme met aussi en évidence les loyautés familiales invisibles (par exemple, un étudiant brillant qui rate l’examen que son père n’a jamais réussi à passer), les mythes familiaux, les injonctions. C’est pourquoi cette exploration permet d’éclairer d’une lumière nouvelle nos choix de vie, de construire notre identité avec plus de liberté, de guérir des blessures du passé et de trouver un fil conducteur à notre histoire. C’est en rendant conscients, visibles les loyautés invisibles, les secrets de famille et les deuils non faits qui nous entravent, qu’on devient libre de vivre sa vie.
Alex est tombé malade. Il consulte, car il a l’impression de s’identifier à son père et à son grand-père paternel dans sa maladie.
« A 30 ans, je suis tombé en dépression. Je savais que mon grand-père et mon père avaient eu la même maladie avant moi, au même âge. Je savais que moi aussi, j’allais tomber malade, comme eux. Au point que deux mois avant la date de mes 30 ans, j’ai quitté mon appartement, démissionné de mon travail, cessé de voir mes amis, et je me suis installé chez ma mère. Et je suis effectivement tombé en dépression. Ce n’est que plus tard que j’ai découvert, par hasard, que ce n’était pas à 30 ans qu’ils étaient tombés malades… mais à 33 ans ! J’ai alors eu l’impression que je m’étais mis inconsciemment sous leur emprise. Et j’ai eu envie de m’en libérer. Dans un travail de psychogénéalogie, j’ai très vite compris que j’étais en répétition : je suis tombé malade par fidélité inconsciente. Dans la semaine qui a suivi le travail, j’ai entamé des démarches pour améliorer mon quotidien : prendre mes médicaments, qui m’ont fait énormément de bien, et commencer à travailler avec un psychologue pour approfondir ma prise de conscience. Rapidement, j’ai repris goût à la vie et j’ai retrouvé l’envie de voir mes amis. J’ai fait en quelques jours plus de choses que dans mes deux années de dépression. C’est le travail de psychogénéalogie qui a déclenché les décisions que j’ai pu prendre et qui m’ont fait tant de bien. De mort, je suis redevenu vivant ».